Trois ans ferme requis contre un "marchand de sommeil" de Saint-Denis

Trois ans ferme requis contre un "marchand de sommeil" de Saint-DenisAFP1 juillet 2016RebloguerPartagerTweeterÉpinglerEnvoyer

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"Esclavagiste", "profiteur de la misère humaine", "délinquant financier", "malfaiteur chevronné" : le procureur de la 15e chambre, Rémi Chaise, n"a pas eu de mots assez durs contre le propriétaire qui louait des "gourbis" à raison de 100 euros le mètre carré en moyenne

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Trois ans de prison ferme ont été requis vendredi contre un homme de 46 ans, propriétaire d"hôtels et d"appartements à Saint-Denis qui logeait des familles dans des conditions indignes et détournait à son profit les sommes allouées pour l"hébergement d"urgence.


Abdelhakim Belkacemi était jugé par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour 11 infractions commises entre 2006 et 2009.


Il lui était reproché d"avoir maintenu ouverts trois hôtels qu"il possédait malgré des arrêtés de fermeture ou d"insalubrité pris par la préfecture de la Seine-Saint-Denis et exposé 13 locataires à un "risque immédiat de mort ou de blessures (…) eu égard au risque d"incendie ou de chocs électriques".


Surnommé le "parrain de Kabylie", M. Belkacemi, déjà condamné à un an de prison ferme en novembre par le même tribunal, était également poursuivi pour blanchiment.


"Esclavagiste", "profiteur de la misère humaine", "délinquant financier", "malfaiteur chevronné" : le procureur de la 15e chambre, Rémi Chaise, n"a pas eu de mots assez durs contre le propriétaire qui louait des "gourbis" à raison de 100 euros le mètre carré en moyenne.


Il a rappelé que le département de la Seine-Saint-Denis, au titre de l"aide au logement, avait versé au total plus de 750.000 euros à M. Belkacemi, qui avait de fait détourné à son profit les fonds réservés à l"hébergement d"urgence.


Au sujet de la Seine-Saint-Denis, "on parle de fusillade dans telle ou telle cité, de trafic de drogue mais il existe une forme de délinquance aussi dévastatrice sur le plan des personnes, qui ont subi une atteinte à leur dignité, que sur le plan économique", a déclaré le procureur.


Il a également demandé à la cour de donner le maximum de publicité à son jugement car, a-t-il dit, "il faut que le public sache ce que la justice, quand elle peut, réserve comme réponse à ce genre d"agissements".


"C"est vrai, je gère mal. J"aurais dû m"entourer d"un architecte et d"un comptable", a reconnu le prévenu qui a plaidé sa bonne foi. "Je n"ai pas reconnu mon client dans la description qui en a été faite par le parquet", a renchéri Me Malika Ibazatene, critiquant une enquête "à charge".


Plus tôt dans la journée, trois des victimes du propriétaire, des mères célibataires qui avaient été adressées à M. Belkacemi par les services sociaux, avaient témoigné de leurs conditions de vie "inhumaines" au Montagnard, l"un des hôtels qu"il gérait.


Fidami Belako, Anita Wang, Assa Traoré, qui ont réclamé entre 20.000 et 30.000 euros de dommages et intérêts en réparation du préjudice subi, louaient pour 750 euros par mois des chambres de 10 m2 sans vitres aux fenêtres, devaient se laver "avec l"eau des toilettes" en l"absence de douche et étaient souvent victimes de vols, l"immeuble n"étant absolument pas sécurisé.


"Malheureusement pour elle", la ville de Saint-Denis, qui a également demandé à se porter partie civile, "est plus associée aux marchands de sommeil qu"à son riche patrimoine", a regretté Me Mathieu Henon, son représentant.


Récemment, la "cité des Rois" a été le théâtre de plusieurs incendies dont l"un a fait 5 victimes. Le feu était parti d"un appartement squatté qui appartenait à un autre "marchand de sommeil" bien connu de la ville.


Le jugement sera rendu le 23 septembre.


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